Le Caodaïsme

Gửi ngày 24/03/2017
Le Caodaïsme
 
  Le Caodaïsme (Part I )
 
Nguyễn Ngọc Châu
Paris, 04/02/2017
 
Depuis l'aube des temps, l'homme a cherché à ne pas se sentir abandonné, en se donnant des explications aux phénomènes de la nature qui règlent sa vie. Il leur attribue une forme et un nom, puis il les divinise et les adore. C'est ainsi que des dieux ont été créés, sous forme des éléments de la création, le tonnerre, la pluie, etc., puis des animaux, et même, des entités mi-animales mi-humaines, puis des hommes.
Pour finir, la conception monothéiste d'un Dieu unique a pris le pas au Moyen-Orient avec Abraham, ancêtre autant de Moïse, dans le judaïsme, que de Jésus, dans le christianisme, et de Mahomet dans l'islam. Ces trois religions vénèrent le même Dieu, au nom imprononçable et qui ne peut que s'épeler Yod-Hé-Waw-Hé chez les juifs, Dieu chez les chrétiens, et Allah chez les musulmans. Ses adeptes vivent leur foi en Lui, le Tout-Puissant, le Créateur, et mènent leur vie à sa Gloire, jusqu'à se faire la guerre entre eux. Car l'histoire est longue des tueries et des mauvais agissements au nom de Dieu, dus à l'extrémisme, à l'intolérance, à l'ambition des hommes.
NAISSANCE DU CAODAÏSME
Pour les caodaïstes, par deux fois déjà, le Tout-Puissant avait voulu ramener l'homme vers la bonne voie, celle de la sagesse et du bonheur. La première amnistie se rapporte au temps de l'avènement du  judaïsme (Moïse, mais n'était ce pas plutôt Abraham?) en Occident et des protos confucianisme (Empereur Phuc Hi), taoïsme (Thái Thượng Đạo Quân) et bouddhisme (Nhiên Đăng CổPhật, le Bouddha Ancien) en Orient, et la deuxième amnistie, àcelui du christianisme (Jésus-Christ) et de l'islam (Mahomet) en Occident, et àcelui du confucianisme (Khong Phu Tseu), du taoïsme ( Lao Tseu ) et du bouddhisme (Cakya Mouni) en Orient.
Pour cette troisième amnistie, il ne voulait plus passer par des intermédiaires comme il l'avait fait auparavant. Il s'était révélé directement à l'homme par le biais de l'évocation des esprits, une pratique autant de l'Orient que de l'Occident. Sous l'appellation de Cao Đài Tiên Ông Đại Bồ Tát Ma Ha Tát   [ I ] , il se posa en Thầy (Maître) venu enseigner à l'homme qu'il appela Con (enfant), en s'exprimant à travers le spiritisme, la route vers sa "délivrance", la Grande Voie Universelle qui pourrait concilier toutes les croyances.
Celui qui est considéré comme le premier caodaïste est monsieur Ngô Văn Chiêu (1878-1932), un fonctionnaire passé par le collège de Mỷ Tho en qualité de boursier et ayant obtenu de nombreux diplômes d'études "franco-indigènes". Il pratiquait depuis de nombreuses années le taoïsme et  s'adonnait à l'évocation des esprits supérieurs (Cầu Tiên) depuis 1902 quand, au cours d'une séance à Thủ Dầu Môt, il fut interpellé parun esprit qui lui recommanda de persévérer dans la voie qu'il s'était tracée.
En 1920, Ngô Văn Chiêu était à Phú Quốc, où il était quận trưởng (chef de district), responsable de l'administration de l'île. Parmi les esprits avec lesquels il correspondait en compagnie d'une petite équipe de jeunes médiums, il s'en trouvait un en particulier qui se donna comme nom "Cao Đài Tiên Ông" et qu'il avait déjà rencontré en 1919 avec un ami lors d'une séance à Tân An. Les enseignements reçus étaient d'une grande sagesse, et poussèrent Monsieur Chiêu à demander la permission de le vénérer. Il l'interrogea aussi sur la forme sous laquelle il pourrait le faire. Il ne reçut pas de réponse, mais, quelques jours plus tard, il vit par deux fois un œil gauche resplendissant devant lui. Le Thiên Nhản, l'Œil Divin, fut ainsi adopté et vénéré depuis ce temps dans tous les temples caodaïstes.
 
Dans son message du 26 Février 1926 le Tout Puissant s'exprima comme suit sur le "Thiên Nhản":
Français Chử Nho ( Chinois vietnamisé) Vietnamien
L'Œil est le moteur du cœur,
Le maître souverain de la perception visuelle.
La perception visuelle procède du principe intelligent,
Le principe intelligent procède du principe divin,
Le principe divin, c'est Moi .
Nhãn thị chủ tâm
Lưỡng Quang chủ tể
 
Quang thị Thần
 
Thần thị Thiên
 
Thiên giả, ngã giả
Mắt là chủ tâm,
Hai ánh sáng trong mắt là chủ tể.
Ánh sáng là Thần.
 
Thần là trời,
 
Trời là Ta vậy
 
Ainsi, l'Œil gauche est le symbole du chân lý cuộc sống (la vérité de la vie),  de l'omniprésence de Dieu à tout instant, témoin de tous les actes bons ou mauvais de Ses créatures. Les caodaïstes voient en lui surtout le Tout-Puissant qui les soutient, qui les aide et qui leur apporte son enseignement et la force pour se maintenir dans la voie vers leur délivrance.
Dans tout le Việt Nam, et en particulier à Sài Gòn, les groupes de médiums qui pratiquaient le spiritisme étaient nombreux. En 1925, à Sài Gòn, trois fonctionnaires - Phạm Công Tắc, Cao Huỳnh Sang et Cao Huỳnh Cư - passaient leurs loisirs à évoquer les esprits et, comme la plupart de ces groupes, ils utilisaient la "table tournante", procédé lent et incommode qui venait de France. Connus sous le nom de groupe Phò Loan, ils s'entretenaient régulièrement avec l'esprit d'une femme, une princesse, avec lequel ils échangeaient des poèmes. Un jour, celui-ci leurs demanda s'ils ne voulaient pas rencontrer quelqu'un de très spécial. Pour cela, ils devaient être végétariens pendant un mois et se présenter le corps et l'esprit bien propres. C'est ainsi qu'ils firent la connaissance de l'entité qui s'était fait connaître à monsieur Ngô Văn Chiêu à l'île de Phú Quốc et qui se faisait appeler ici d'abord AĂÂ, les trois premières lettres de l'alphabet vietnamien. Lorsque des questions étaient posées à cette entité, les réponses étaient si justes, si vraies, si profondes, en particulier quand elles se rattachaient à des histoires familiales personnelles, et également si empreintes de sagesse et de grande philosophie, que le nombre de gens qui assistaient aux séances s'accrut de jour en jour.
La conversion du Conseiller colonial, Lê Văn Trung (1875-1934), eut un grand retentissement et attira encore plus de gens vers les groupes de médiums. Ancien fonctionnaire devenu entrepreneur de travaux publics, très attaché aux jouissances de ce monde, il devint un ascète laissant de côté l'opium et la gent féminine après avoir assisté à une séance spirite d'un groupe de taoïstes à Chợ Gạo en juin 1925. L'esprit Lý Thái Bạch, un poète chinois des temps anciens que les caodaïstes vénéreront plus tard comme leur Pape spirituel virtuel, lui apparut et l'encouragea à vivre une vie plus spirituelle.
Par la suite, les groupes de médiums reçurent l'ordre de se rencontrer, de fusionner, de s'organiser et d'utiliser l'outil des taoistes, le Ngọc Cơ, la corbeille à bec. Ce fut ainsi que, le 18 février 1926, sur instruction de Cao Đài lors d'une séance spirite, Lê Văn Trung et Phạm Công Tắc allèrent rencontrer Ngô Văn Chiêu.
La corbeille à bec était une corbeille de vingt centimètres de diamètre, que l'on retournait, qui était tenue par deux très jeunes enfants médiumsassis face à face et à laquelle était attachée un bâton ayant à son extrémité  une sculpture en forme de tête de phénix avec un bec. Après des prières et dès qu'ils étaient en relation avec un esprit, les médiums faisaient faire des mouvements à la corbeille, et le bec, auquel était attaché un pinceau ou un crayon traçait des signes qu'un Đọc Giả  (un lecteur) interprétait, tandis que le Điển Ký (le transcripteur) transcrivait sur un papier le message ainsi tracé selon le principe de l’écriture automatique. Le bec du phénix pouvait aussi picorer l'alphabet dessiné sur un tableau désignant ainsi des lettres qui, mises bout à bout, formaient un message. 

Le 14 avril 1926, un message reçu par Cao Quỳnh Cư, Phạm Công Tắc et Lê Văn Trung confirma le titre de Giáo Tông (Souverain pontife) attribué à Ngô Văn Chiêu, et recommanda la confection d'un vêtement de cérémonie somptueux qui correspondrait à cette fonction. Monsieur Chiêu dont on connaissait la modestie, refusa d'accepter une telle distinction. Il se retira chez lui à Cần Thơ, où il fonda la branche Chiếu Minh qui avait comme spécificités de ne pas être une organisation hiérarchique ni d'avoir des activités de propagation de la religion, mais de se consacrer entièrement à la pratique de l'ésotérisme caodaïste, dont le Vô Viet la méditation d'origine taoiste étaient le fondement. Les adeptes de cette branche dorment assis, ainsi ils continuent à maintenir l’état de méditation durant leur sommeil car l’esprit doit conduire le souffle suivant la grande circulation Đại Châu Thiên, en position verticale de la colonne vertébrale. Ils sont aussi enterrés en cette position verticale dans leur tombe pour s’élever directement vers le ciel. Et ceux qui atteignent l'Éveil meurent l'œil gauche ouvert. [II]
 
Finalement, le 24 avril 1926,  le message suivant fut délivré par Cao Đài:
Autrefois, les peuples ne se connaissaient pas et manquaient de moyen de transport. J'ai alors fondé, à différentes époques, cinq branches de la Grand Voie (Đại Đạo):
 
1/- Nhơn Đạo  : la Voie de l'Homme (qui reçut l'enseignement de Khong phu Tseu),
2/-Thần Đạo   : la Voie des Génies (qui reçut l'enseignement de Khương Thái Công),
3/-Thánh Đạo: la Voie des Saints (qui reçut l'enseignement de Jésus Christ),
4/-Tiên Đạo    : la Voie des Immortels (qui reçut l'enseignement de Lao Tseu),
5/-Phật Đạo   : la Voie des Bouddhas (qui reçut l'enseignement de Bouddha).
chacune basée sur les us et coutumes spécifiques des races du lieu d'origine appelées à les pratiquer.   
Aujourd'hui, toutes les parties du monde sont explorées : l'humanité, qui se connaît mieux, aspire à une paix réelle. Mais, à cause de la multiplicité même de ces religions, les hommes ne vivent pas toujours en harmonie les uns avec les autres. C'est pourquoi j'ai décidé de réunir toutes ces religions en une seule, pour les ramener à l'unité primordiale.
Xưa kia các dân tộc vì thiếu phương tiện xê dịch nên xa nhau, không quen biết nhau. Đức Chí Tôn đã tạo nên trong những thời kỳ khác nhau, ở những địa phương khác nhau nền ngũ chi Đại Đạo :
1/- Nhơn Đạo (Khổng Tử)

2/- Thần Đạo (Khương Thái Công)

3/- Thánh Đạo (Giêsu)

4/- Tiên Đạo (Lảo tử)

5/- Phật Đạo (Thích Ca mâu Ni)
 
Mỗi chi đặt trên những phong tục riêng biệt của nơi phát nguyên.
 
Ngày nay, giữa năm châu sự giao thông trở nên thuận tiện. Nhân loại hiểu biết nhau hơn, ước mong cảnh thanh bình thực sự. Nhưng vì sự hiện hữu của các giáo phái khác nhau mà loài người không sống hòa hợp với nhau được. Cho nên, Đức Chí Tôn quyết định hợp nhất ngũ chi để đưa về Đại Đạo Cao Đài duy nhất.
 
Le 7 octobre 1926, la création de la religion caodaïste fut officiellement annoncée et une Déclaration signée par 28 adeptes, fut envoyée au gouverneur de Cochinchine, monsieur Le Foll; elle était accompagnée de la liste de 247 noms de ceux qui étaient présents à la réunion de décision le 23 du 8è mois de l'année Bính Dần (1926) chez monsieur Võ Văn Tường, (voir annexe 1).
Pour l'avènement du caodaïsme, des fêtes grandioses furent célébrées du 18 au 20 novembre 1926 à Tứ Lâm Tự, pagode bouddhiste dont la construction avait été financée en grande partie par M. Nguyễn Ngọc Thơ et Mme Lâm Hương Thanh [iii] (qui devinrent peu après des dignitaires caodaïstes), et dont le supérieur était favorable au caodaïsme naissant. Un sacerdoce fut mis en place et un code religieux promulgué.
SPIRITUALITÉ DU CAODAÏSME
Le nom officiel de la religion caodaïste, Đại Đạo Tam Kỳ Phổ Độ, veut dire " La Grande Voie de la Troisième Amnistie", sous entendu "de Dieu vis à vis de l'humanité", ou, dans une appellation plus moderne, "La Troisième Ère Universelle du Salut Divin de La Grande Voie".
Les caodaïstes ne prétendent nullement que leur religion soit nouvelle. Ils la considèrent comme une religion universelle qui est appelée à avoir un rôle prépondérant dans le monde puisqu'elle ne renie rien de l'essentiel des diverses doctrines existantes, qu'elle ne rejette pas formellement, estimant qu'elles ont toutes une origine divine. Ce sont les agissements de l'homme qui ont provoqué la dégénérescence de leur pratique, et celui-ci a besoin de revenir vers la voie tracée par Dieu.  Révélé par ce dernier au moyen de l'évocation des esprits, le caodaïsme est cette voie. Il est donc la religion de Dieu (Đạo Trời) dont les principes directeurs sontTam Giáo Quy Nguyên, Ngũ Chi Hợp Nhứt (Les Trois Voies mènent vers l'Origine, les Cinq Subdivisions vers l'Unité).
Les mots "Ngũ Chi Hợp Nhứt" (ngũ veut dire cinq, chi subdivision, hợp unir, et nhứt un) se réfèrent au message reçu lors de la séance de spiritisme du 24 avril 1926 sur les cinq voies créées dans l'ancien temps par le Tout-Puissant : Voies de l'homme, des génies, des saints, des immortels et des bouddhas.
On peut remarquer que les mots Ngũ Chi, dans l'expression Ngũ Chi Hợp Nhứt peuvent aussi désigner, comme évoqué lors de la séance de spiritisme du 5 septembre 1926, les cinq "Minh Hội" (Associations Minh) qui pratiquaient la triple voie confucianisme-taoisme-bouddhisme à l'époque au Việt Nam,  dont la plupart des dirigeants avaient rejoint le caodaïsme et dont l'unification future pouvait être une bonne chose :
- Minh Sư à la pagode Linh quang Tự, An Nhơn, Gia Định (Trần Đạo Quang)
- Minh Tân à la pagode Tam Giáo Điện au Quai Vân Đồn, Vĩnh hội, Sài Gòn (Lê Minh Khá)
- Minh Thiện à la pagode Minh Thiện, Thủ dầu Một, Bình Dương (Phan Văn Tý)
- Minh Đường à Cần Giuộc, Chợ Lớn (Nguyễn Văn Lịch)
- Minh Lý à la pagode Tam Tông Miếu, rue Cao Thắng, Sài Gòn (Âu Kiết Lâm)
Sachons aussi que, du temps de l'arrivée du bouddhisme en Chine, les termes  Ngũ Chi Hợp Nhứt étaient déjà utilisés pour désigner le rêve de s'unir un jour que nourrissaient les cinq écoles taoïstes (du Nord, du Sud, de l'Est, de l'Ouest et du Centre), dont les divergences concernaient surtout le degré d'influence du bouddhisme sur chacune d'elles et la manière de travailler sur lessence (jing 精 en chinois, tinh en vietnamien) dans la pratique de l'alchimie interne dans la méditation.
Le but du caodaïsme est d'unir toutes les doctrines existantes, et cela à travers les Trois Voies ( Tam Giáo, 三教, sānjiào ) qui dominent la spiritualité de la Chine depuis des millénaires, que les Vietnamiens eux-mêmes ont adoptées depuis les mille années de domination par ce pays, et qui ensemble couvrent toute la démarche permettant d'obtenir une vie en harmonie les uns avec les autres, de vivre en pleine sérénité avec soi-même, avec pour objectif final la fin de toute  souffrance et la délivrance complète. Ces Trois Voies sont le confucianisme selon l'enseignement de Confucius (Khong Phu Tseu 孔夫, 551 à 479 av. J.-C.), le taoisme, celui de Lao Tseu (老子, milieu du VIèsiècle av.J.-C.–milieu du Vèsiècle av.J.-C) et le bouddhisme, celui de Bouddha (Cakya Mouni, 563-483 av J.-C.).
Dans le caodaïsme, bien que le christianisme soit évoqué, il n'y a pas ces spécificités du catholicisme que sont le péché originel, qui nécessite le baptême pour s'en laver, le sacrifice du Fils de Dieu et Dieu Lui-mêm [iv] pour sauver l'humanité de ses péchés, ou la résurrection du Christ, dont l'apôtre Pauldit : "Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vaine, et vaine aussi est votre foi " (1Cor 15:14.). Il n'y a pas, comme dans les voies de l'Occident, de message de Dieu caché secrètement dans les documents considérés comme sacrés, comme les Ancien et Nouveau Testaments, le Coran et autres, message qui aiderait l'homme dans sa voie pour rejoindre le Tout-Puissant. Et donc il n'y a pas de "quête" comme celles symbolisées par la recherche du Graal, de la Toison d'Or ou de la Pierre Philosophale, ni de recherche, à travers les textes, d'un autre sens que celui qui apparaît à tout le monde.
Par contre, la partie exotérique (ngoại giáo công truyền), c'est-à-dire accessible à tout le monde et l'ésotérique (nội giáo tâm truyền), c'est-à-dire  accessible à certains seulement, y sont bien distinguées, comme usuellement dans les traditions du monde.
En Occident, les religions juive et musulmane avaient bien chacune leurs deux parties, exotérique et ésotérique, bien définies et distinctes, les secondes étant constituées par, respectivement, la kabbale et le soufisme. Le catholicisme est considéré par beaucoup comme une religion qui n'enseigne que sa partie exotérique à ses adeptes ; sa partie ésotérique, si elle existe, ne serait connue que de ses prêtres et de sa hiérarchie et/ou de ses moines. Des tentatives pour créer une Cabale chrétienne en prenant l'exemple de la Kabbale juive n'avaient pas eu le succès escompté. Quelques mystiques chrétiens, dont René Guén [v], [vi] soucieux d'aller plus loin que ce que leur avait enseigné l'Église catholique,  étaient devenus soufis c'est à dire pratiquant l'enseignement ésotérique de l'islam que pouvaient leur transmettre des maîtres reconnus. 
Dans le caodaïsme, l'enseignement de Khong Phu Tseu(morale de vie en société en harmonie avec ce que préconise le Ciel) et la partie de celui du bouddhisme qui mène vers la cessation de la souffrance (giải khổ) constituent son côté exotérique. C'est aussi la fondation, la base des branches de la partie " Phổ Độ" (qui peut se traduire par "destiner tous les êtres au salut"), celle dont l'action est orientée vers la propagation de la religion. Ces branches possèdent une organisation hiérarchique digne de l'église catholique. L'enseignement de Lao Tseu (sérénité avec et pour soi-même à travers le Vô Vi (wu-wei 無爲en chinois, le Non-Agir) et résolution de la dualité Yin et Yang, qui accompagne la création, en revenant vers l'Un) et la partie de celui du bouddhisme qui vise la délivrance totale (giải thoát) correspondent àla partie ésotérique.
 
 La "délivrance" est un grand mot, dont la signification se retrouve dans toutes les spiritualités, exprimée de façon plus ou moins équivalente. À l'origine, il n'y avait rien, ni en Dieu ni hors de Dieu, qui pouvait servir de matériau pour la création du monde. La Création n'est pas un changement, puisque tout changement suppose quelque chose qui change, qui est également présent au départ et à l'arrivée. Mais alors, si la Création n'est pas un changement, que reste-t-il? Avant la Création, il n'y avait que le futur Créateur, et donc Création et Créateur ne font qu' Un. Pour Saint Thomas, "considérée dans la nature, la Création n'est autre que sa Relation à Dieu Créateur, qui est le Principe total et Unique de l'être". La délivrance est donc le retour vers l'avant d'être créé, c'est à dire vers cet "Un". C'est aussi ne plus exister en tant que "soi" distinct, sortir de la roue du karma, briser le cycle des réincarnations, revenir vers l'"Un", l'avant l'apparition du "Deux", de la dualité Yin-Yang apparue à la Création.
En Occident, l'homme de bien doit, tel un chevalier de l'ancien temps, s'attacher à remplir ses devoirs envers lui-même, envers les autres et envers le Créateur.
Le caodaïste cherche à être en paix et en sérénité avec lui-même, à vivre harmonieusement avec les autres et à travailler pour la cessation de ses souffrances et arriver à sa délivrance complète, par des constants et sincères efforts personnels (chí thành en vietnamien) en commençant par le Tam Công (les Trois Pratiques caodaïstes), que sont 1) le Công Trình (le perfectionnement de soi), 2) le Công Quả (la bienfaisance) et 3) le Công Phu (la méditation) pour retrouver sa Vraie Essence, qui sont transmis confidentiellement et avec l'aide du Tout-Puissant, son Maître, son Professeur, son Dieu et les Esprits Supérieurs du monde invisible.
Les règles morales du caodaïsme sont classiques : elles tendent à l'amélioration de l'individu, à la pratique de la vertu, au règne de l'amour universel. Pour cela, le caodaïste observe les Ngủ giới Cấm (les cinq interdictions) : ne tuer aucun être vivant, ne pas être cupide, ne pas faire bonne chère, s'abstenir d'acte de luxure et éviter de pécher en paroles ; il respecte les Tứ Đại Điều Qui (les quatre commandements) : obéissance, modestie, honnêteté, respect ; et il suit la rectitude des huit chemins (connaissance, volonté, parole, action, vie, effort, pensée, recueillement), etc., qui ont pour origine les enseignements des Trois Voies.
Le Vô Vi du taoïsme, c'est à dire l'Agir par le "Non-Agir"est le modèle de comportement et de la pensée du caodaïste qui se consacre à la pratique de l'ésotérisme. C'est en quelque sorte laisser la nature et le naturel agir et agir suivant eux, car tout ce qui est contre nature est voué à changer, à disparaître, un jour ou l'autre. La Vertu du confucianiste qui se trouve dans l'Action est alors remplacée par la Vertu dans le sens du taoïsme qui est basée sur le naturel sans besoin  d'Action.
Celui qui est naturellement vertueux n'a pas besoin de demander d'avoir la Vertu, c'est pourquoi, il est vertueux.
Parce que le peu vertueux veut avoir la Vertu, il ne l'aura pas.
Le bien vertueux qui pratique le Vô Vi (le Non-Agir), n'agit pas et s'adapte à ce qui est naturel.
Le peu vertueux qui pratique le Vô Vi ( le Non-Agir), agit.
Celui qui est bon pratique la Bonté sans avoir l'idée de le faire.
Celui qui est droit applique la Droiture naturellement (après comparaison entre ce qu'il faut faire et ce qu'il ne le faut pas),
Thượng đức bất đức, thị dĩ hữu đức.
 
Hạ đức bất thất đức, thị dĩ vô đức.
 
Thượng đức vô vi, nhi vô dĩ vi.
 
Hạ đức vi chi nhi hữu dĩ vi.
 
Thượng nhân vi chi nhi vô dĩ vi. ;
 
Thượng nghĩa vi chi nhi hữu dĩ vi.
 
Chapitre 38 Tao Te Kinh (Đạo Đức Kinh ou Livre de la Voie et de la Vertu) de Lao Tseu
La méditation, qui transforme l'homme vraiment de l'intérieur, estindissociable du bouddhisme et du taoïsme.«Le véritable objet de la méditation n'est pas d'apaiser l'esprit, pas plus que devenir détaché ou indifférent. Au contraire, le but est d'obtenir une compréhension profonde et intime de la nature de la réalité et de soi-même, d'entrer en contact avec des parties de soi-même qu'on ne connaissait pas auparavant, de transformer notre vision de ce qui est, et d'aller vers l'obtention d' une vision qui est libératrice. Une vision profonde et intime qui permet de découvrir ce qu'on est réellement, et, ce faisant , de mettre un terme à sa quête agitée et à son insatisfaction ».
Les deux Voies enseignent, chacune à sa façon, sa propre méthode de méditation. Celle du taoisme, qui a inspiré les caodaïstes ésotériques, est une véritable alchimie interne qui ne se transmet que difficilement et sous conditions, dont le sens est la fusion du Yin et du Yang des trois composantes essentielles de l'être humain, (trois joyaux,sanbao 三寶, tam bảo en vietnamien) que sont lessence (jing 精 en chinois, tinh en vietnamien ), le souffle ou l'énergie  (qi 氣en chinois, khí en vietnamien) et l’esprit (shen 神en chinois, thần en vietnamien).
Ces trois composantes doivent retourner à leur état originel par l’ascèse et la méditation avec de nombreux exercices internes – changeant l'essence en souffle/énergie (lien jing hwa qi, tinh hoá khí), le souffle/énergie en esprit (lien qi hwa shen, khí hóa thần), et passer de l'esprit  au vide  (lien shen hwan shiu, thần hườn hư),  dont l'ultime étape est l'obtention ce qui est appelé le "grand élixir de retour" (dahuandan 大還丹), un embryon cosmique purement Yangqui ira vers le Ciel, symbole de l'éternité, pour revenir à l'unité primordiale du Tao, poussant ce qui restedeYinvers la Terre. Cet embryon cosmique est appelé "Đệ nhị xác thân" (le Second corps spirituel) par les caodaïstes.
Il n'est pas rare de trouver de vénérables bonzes bouddhistes, qui, comme des taoïstes et des caodaïstes, choisissent le jour de leur départ pour toujours et s'en vont durant une séance de méditation, comme ils l'ont prévu et annoncé.
Avant de devenir caodaïstes, Ngô Văn Chiêu, Nguyễn Ngọc Tương et la plupart des fondateurs des branches du caodaïsme fréquentaient des Minh Hội où la méditation et le manger végétarien étaient la règle; ils donc possédaient un savoir sur la méditation qu'ils retransmettaient à leurs adeptes. Il semble que, le Hộ Pháp Phạm Công Tắc étant d'origine catholique, les méditations taoïste et bouddhiste étaient inconnues à Tây Ninh, et que ceux de ses adeptes qui pratiquaient la méditation l'avaient apprise des autres branches du caodaïsme et/ou de certains anciens fondateurs de l'Église caodaïste d'origine.
Les Livres du caodaïsme
Les messages reçus à travers les séances spirites ont été compilés en plusieurs documents qui forment en quelque sorte la "Bible" du caodaïsme:
Les organisation caodaïstes qui pratiquent le Phổ Độ (Propagation de la religion) de la partie exotérique utilisent le Thánh Ngôn Hiệp Tuyển, le recueil sélectionné des messages collectés jusqu'au moment (fin juin 1927) où le Tout-Puissant a décidé d'arrêter les communications spirites, maintenant que tout avait été enseigné, pour éviter des manipulations malveillantes de la part tant de l'homme que des esprits malins. Elles s'appuient aussi sur le Pháp Chánh Truyền, la Constitution religieuse du caodaïsme, avec sa structure organisationnelle en trois Đài (Tours), le Cửu Trùng Đài, le Hiệp Thiên Đài, et le Bát Quái Đài, et la définition des responsabilités de chacun, qui a été reçue lors des deux sessions spirites du 10 novembre 1926 et du 13 février 1927, et le Tân Luật ou Nouveau Code Thiên Luật (Code du Ciel) de conduite religieux, séculaire et monastique, que Cao Đài a approuvé le 16 janvier 1927.
Le Đại Thừa Chơn Giảo (Le grand Cycle de l'Ésotérisme) - qui rassemble les messages reçus par la branche Chiếu Minh créée par Ngô Văn Chiêu - forme le fondement de l'ésotérisme caodaïste qui est pratiqué par les caodaïstes qui se sont retirés de la vie en société et qui se consacrent entièrement à la méditation et au travail sur soi même, comme les membres de cette branche Chiếu Minh.
L'Autel
L'Autel dressé dans chaque maison des caodaïstes suit un certain nombre de règles symboliques.
On y dispose les éléments suivants
1)       3 petits verres d'Alcool
2)       deux tasses remplies, une d'eau normale (Yang) et une de thé ( Yin), qui représentent, combinées, la Voie
3)       des fruits à gauche et des fleurs  à droite de l' Œil Divin ( vu de face)
4)       un brûle parfum avec 5 bâtons d'encens (représentant les NgũKhí- les 5 énergies)
5)       deux bougies une symbolisant le Soleil, le Yang, l'autre la Lune, le Yin
Les offrandes de fleurs, d'alcool et de thé symbolisent respectivement les offrandes des trois éléments constitutifs de l'être humain: le Tinh ( l'essence), le Khí (l'énergie, le souffle)et le Thần (l'esprit).
Les lạy (prosternations) sont de
-      2 pour les vivants ( les humains sont créés de la combinaison Yang et Yin)
-      4 pour les morts ( 2 pour les humains , 1 pour le Ciel, et 1 pour la Terre)
-      3 pour les Thần (Génies) et les Thánh ( Saints)
-      9 pour les Immortels et  Bouddha
-      12 pour le Tout Puissant

ORGANISATION DU CAODAÏSME
L'Église caodaïste est organisée en trois Đài (Tours) représentant les 3 composantes essentielles de l'être humain, et aussi de la religion, que sont le Tinh (l’essence), le Khí (l'énergie/le souffle) et le Thần (l’esprit).  
Le Cửu Trùng Đài ou la Tour aux Neufs Marches, qui symbolise le Tinh ( l'essence), est le Corps du Đại Đạo (Grande Voie), le Corps Exécutif dont le chef est le Giáo Tông. Le Cửu Trùng Đài est lui même organisé en trois branches, la branche confucéenne Nho (Ngọc) représentant le tinh (l’essence), dont la couleur des robes et des coiffures des hauts dignitaires est rouge ; la branche taoïste Đạo (Thượng), représentant le khí (l'énergie/le souffle), dont la couleur est bleu ciel, et la branche bouddhiste Thích (Thái), représentant le thần (l’esprit), de couleur jaune. Les dignitaires portent un nom composé du nom de la branche (Ngọc, Thượng ou Thái), leur propre prénom, et enfin le mot Thanh (pur).
Les 9 marches sont les 9 niveaux d'implication dans l'Église caodaïste.  Ce sont, par ordre croissant d'importance :
1- Tín đồ (simples adeptes)
2- Chức việc (responsables du service à la religion)
3- Lể Sanh (Diacre?)
4- Giáo Hửu (Assistant Instructeur?)
5- Giáo Sư ( Instructeur?)
6-  Phối Sư ( Maître?)
7- Đầu Sư ( Maître Supérieur?)
8- Chưởng Pháp (Grand Maître?)
9- Giáo Tông (Grand Maître Supérieur?), est le Anh Cả (Frère Aîné) de tous
Le mot "nử" (qui indique le genre féminin) est ajouté au titre quand il s'agit d'une femme, et une femme ne peut atteindre que le niveau deĐầu Sư.
Cửu Trùng Đài( Tour aux Neufs Marches)
symbolise leTinh (l'essence, le corps)
Corps exécutif
Giáo Tông(1)
Nho (confucianisme), rouge
Ngọc, Tinh(essence)
Lảo(taoïsme), bleu ciel
Thượng, Khí (énergie/souffle)
Phật (bouddhisme), jaune
Thái, Thần(esprit)
Chưởng Pháp(1 personne)
Đầu Sư(1)
Phối Sư(12) dont 1 Chánh Phối Sư
Giáo Sư (24)
Giáo Hửu(1.000)
Lễ Sanh (illimité)
Chức việc (illimité)
Tín Đồ – simple adepte (illimité)
Chưởng Pháp(1 personne)
Đầu Sư(1)
Phối Sư (12) dont 1 Chánh Phối Sư
Giáo Sư(24)
Giáo Hửu(1.000)
Lễ Sanh(illimité)
Chức việc (illimité)
Tín Đồ- simple adepte (illimité)
Chưởng Pháp (1 personne)
Đầu Sư(1)
Phối Sư (12) dont 1 Chánh Phối
 Sư
Giáo Sư (24)
Giáo Hửu (1.000)
Lễ Sanh (illimité)
Chức việc (illimité)
Tín Đồ- simple adepte  (illimité)
La traduction de Gabriel Gobron, sur demande du Hộ Pháp Phạm Công Tắc, des titres des dignitaires en pape, cardinal, archevêque, évêque, prêtre, etc.  comme dans l'Église catholique ne veut rien dire, car il n'y a aucun parallèle entre les deux organisations.
Dans le caodaïsme, tous les adeptes, quel que soit leur rang, se considèrent entre eux comme des frères et des sœurs, le Giáo Tông étant le Frère Aîné (Anh Cả), c'est à dire qu'il n'y a pas de "Mère", ni de "Père",  ni de "brebis". Quand au Giáo Tông, il n'a d'autre pouvoir que celui d'aider les adeptes dans leur vie temporelle, et il ne peut rien pour leur âme, alors que le pape catholique peut décider si un défunt peut être sanctifié ou béatifié, ou non. Et l'accès à un poste plus élevé se fait par élection des adeptes de même rang, sauf si la nomination provient d'une instruction reçue par voie spirite. Ainsi, un Chánh Phối Sư  ne peut devenir Đầu Sư que par un vote positif des 36 Phối Sư. Le Giáo Tông, titre auquel seul un Chưởng Pháp ou un Đầu Sư peut prétendre concourir,  doit être élu par toute l'Église, dignitaires et simples pratiquants inclus, lors d'une Hội Vạn Linh (Assemblée Vạn Linh).
Il y a quatre types d'assemblées:
-      Le Hội Vạn Linh ( Assemblée Vạn Linh) qui rassemble toute l'Église, dignitaires et simples pratiquants.
-      Le Hội Nhơn Sanh(Assemblée des adeptes) qui réunit les représentants des oratoires, 2 ou exceptionnellement 3 par oratoire (Họ Đạo), [ vii ] ceux en service à la religion (chức việc) et les Lể Sanh.
-      le Hội Thánh (Assemblée de l'Église) qui rassemble les dignitaires de Giáo Hửu à Chánh Phối Sưinclus du Cửu Trùng Đài, et les Bảo Quân et Bảo Đàn du Hiệp Thiên Đài.
-      le Thượng Hội(Haute Assemblée), où se réunissent les dignitaires de Đầu Sưet Thượng Sanh, Thượng Phẩmjusqu'au Giáo Tông.
 
 
Le Hiệp Thiên Đài ou la Tour de l'Union avec le Tout-Puissant, est construit avec 3 toits, celui du milieu moins élevé que les deux autres, sous lesquels, se trouvent, pour celui de gauche, une cloche, et, pour celui de droite, un tambour.  Elle symbolise le Khí, l'énergie/le souffle du Đại Đạo (Grande Voie) et elle a à sa tête le Hộ Pháp (Gardien des Lois et aussi Grand Maître des médiums). Elle a en charge la communication avec le Tout-Puissant et les Esprits Supérieurs, ainsi que la protection des lois et constitutions de l'Église caodaïste.
Hiệp Thiên Đài  (Tour de l'Union avec le Tout Puissant)
symbolise leKhí (l'énergie/le souffle)
 Communication avec le Tout-Puissant et les Esprits Supérieurs
Préservation de la Loi de Vie temporelle et du Code de la religion
Hộ Pháp(1)
Gardien des Lois
Grand Maître des médiums
Thượng Phẩm(1 personne)
Préservation de la religion dans les Tịnh Thất (Maisons de Méditation)
Bảo Đạo(1)
Hiến Đạo (1)
Khai Đạo (1)
Tiếp Đạo(1)
 
 
 
Bảo Pháp (1)
Hiến Pháp(1)
Khai Pháp(1)
Tiếp Pháp(1)
Thượng Sanh (1 personne)
Préservation de la morale
de Vie temporelle
Bảo Thế(1)
Hiến thế (1)
Khai Thế(1)
Tiếp Thế(1)
Bảo Quân (12)
Bảo Đàn(illimité)
 
Le Bát Quái Đài ou La Tour Octogonale symbolise le contenu de l'Univers, le Thần, l'esprit, l'âme de la Grande Voie, le côté spirituel de l'homme. C'est l'entité qui s'occupe d'émettre la Constitution et les Lois reçues du Tout-Puissant. C'est là où sont vénérés le Thiên Nhản (L'Œil Divin) représentant le Tout-Puissant et les représentants des 5 Subdivisions de Voies : Voies de l'Homme (Khong Phu Tseu), des Génies (Khương Thái Công), des Saints (Jésus-Christ), des Immortels (Lao Tseu) et de Bouddha (Bouddha),  et les Esprits importants du caodaïsme : le Bodhisatva Quan Âm, Lý Thái Bạch, Quan Thánh.
Bát Quái Đài(Tour Octogonale)
symbolise leThần (l'esprit)
Émission de Constitution et Lois
Thiên Nhản( Œil divin)
Les Trois Voies
                     Lao Tseu                               Bouddha                                 Khong Phu Tseu         
Représentants administratifs des Trois Voies
          Lý Thái Bạch                   Boddhisatva Quan Âm                         Quan Thánh   
Voie des Saints
Jésus-Christ
Voie des Génies
Khương Thái Công
 
Les 5 Voies sont représentées
1/- Nhơn Đạo  : la Voie de l'Homme (enseignement de Khong Phu Tseu),
2/-Thần Đạo   : la Voie des Génies (enseignement de Khương Thái Công),
3/-Thanh Đạo : la Voie des Saints (enseignement de Jésus-Christ),
4/- Tiên Đạo    : la Voie des Immortels (enseignement de Lao Tseu),
5/-Phật Đạo   : la Voie des Bouddhas (enseignement de Bouddha).
Les saints et esprits importants du caodaïsme
(note: Sun Yat Sen, Victor Hugo et Jeanne d'Arc introduits par le Hộ Pháp Phạm Công Tắc ne sont évoqués qu'à Tây Ninh, mais pas  dans les autres branches du caodaïsme)
La Constitution et les Lois ayant été déjà émises fin 1926, début 1927, cette Tour n'a plus d'activité. C'est juste un endroit où sont vénérés le Tout-Puissant et les représentants des cinq Voies .
 
HISTOIRE DU CAODAÏSME
Créé officiellement par la Déclaration du 7 Octobre 1926  envoyée  au gouverneur de Cochinchine, le caodaïsme avait commencé par s'étendre rapidement grâce à l'engouement suscité par les séances de spiritisme et la spiritualité de cette religion qui est nouvelle sans l'être, car elle repose sur les trois Voies traditionnelles dans lesquelles étaient plongés depuis toujours les Vietnamiens.
Les six dignitaires suivants dirigèrent la religion nouvellement fondée :
1- Le Hộ Pháp (Gardien des Lois) Phạm Công Tắc(1890–1959), et aussi Grand Maître des Rites et Supérieur du corps des médiums.
2- Le  Thượng Chánh Phối Sư Thượng Tương Thanhqu'était le Phủ  (préfet) Nguyễn Ngọc Tươngétait en charge des affaires intérieures, assurant l'enseignement religieux et moral des adeptes, l'instruction des enfants, le suivi de l'administration des oratoires, la bonne marche d'un service médical et la mise en valeur des terrains appartenant à la collectivité. Étant à l'époque encore en activité dans la fonction publique, il avait un dignitaire remplaçant, le Phối SưThái Ca Thanh, qui le représentait sur place.
3- Le Ngọc Chánh Phối SưNgọc Trang Thanhqu'était le Đốc Phủ Sứ (gouverneur) en retraite Lê Bá Trang, était responsable des affaires spirituelles, c'est-à-dire de la conduite spirituelle des dignitaires et des adeptes, de la Justice, de la résolution des contestations survenant entre les coreligionnaires et de l'organisation des cérémonies et des fêtes.
4- LeThái Chanh Phối Sư Thái Thơ Thanhqu'était le Huyện(sous-préfet) honoraire Nguyễn Ngọc Thơ, dirigeait les travaux de construction très nombreux, parce qu'on partait de rien pour traiter plus de cent hectares de terrain.
5- La Nữ Phối Sư [viii] Hương Thanhqu'était madame Lâm Thi Thanh, qui avait fait une importante donation pour l'achat du terrain d'une centaine d'hectares à Tây Ninh, s'occupait du budget.
6- LeĐầu Sư Thượng Trung Thanh qu'était le conseiller colonial Lê Văn Trung agissait comme Supérieur du caodaïsme, car il était appelé à devenir son "Giáo Tông temporel". L'esprit de Lý Thái Bạch, un poète chinois des temps anciens, avait déjà  fait savoir qu'il était le Giáo Tông lui même du caodaïsme, mais Giáo Tông spirituel et "virtuel". L'intronisation de Lê Văn Trung à la fonction de  Quyền Giáo Tông, Giáo Tông par intérim, n'eut lieu que le 12 mars 1933.
Remous à Tây Ninh et éclatement en de nombreuses branches
Durant la période 1927 à 1930, de nombreuses dissensions apparurent à Tây Ninh, le siège de la nouvelle Eglise caodaïste,  s'achevant par le rejet de celui ci par plusieurs de ses fondateurs.
Le Thượng PhẩmCao Huỳnh Cư, l'un des membres du groupe de médiums Phò Loan- qui reçut la visite du Tout-Puissant se présentant pour la première fois sous le nom de A, Ă, Â - se retira de Tây Ninh en 1928 et se mit en retraite. La même année, le directeur d'école Đoàn Văn Bản et le Phủ(préfet) Vương Quang Kỳ, qui faisaient partie des tout premiers du caodaïsme quittèrent Tây Ninh, entraînant chacun leur petit groupe de fidèles. En 1930, le Phối SưThái Ca THanh revint en sa ville de Mỷ Tho fonder la branche Minh Chơn Lýen opposition avec Tây Ninh. Les oratoires de la province de HậuGiang suivirent le Chưởng PhápTrần ĐạoQuang et créèrent avec lui la branche Minh Chơn Đạoà Bạc Liêu. À Sài Gòn, l'oratoire de CầuKho et la plupart des dignitaires se séparèrent de Tây Ninh.
Pendant ce temps, à Tây Ninh même, Phạm Công Tắccréa le Phạm Môn, le clan Phạm, composé de près de cinq cents personnes entièrement à sa dévotion, qui avaient fait don de leurs biens au clan et qui se partageaient les produits de leur travail suivant les besoins de chacun. Il fonda aussi des organisations diverses qui travaillaient exclusivement pour lui et ce clan : Phạm Từ, Phạm Nghiệp, etc.
Le Thượng Chánh Phối Sư qu'était le Phủ (Préfet) Nguyễn Ngọc Tương, appelé par une séance spirite à servir à Tây Ninh pour résoudre les problèmes, démissionna de ses fonctions d'administrateur de Xuyên Mộc, à Bà Rịa, et y arriva en février 1931. Son prestige et son influence devaient être utilisés pour apaiser les esprits et faire revenir le calme. Il alla y  rester jusqu'en 1934.
Le 4 Juillet 1931, sur instruction encore du Tout-Puissant, le Đầu Sư Lê Văn Trung envoya une lettre au gouverneur de Cochinchine annonçant officiellement la prise en mains de Tây Ninh par Nguyễn Ngọc Tương.

 Une deuxième lettre, datée du 1er Septembre 1931, confirmant la première, où apparaissaient en plus les signatures pour approbation de Lê Văn Trung et Lê Bá Trang. fut envoyée par Nguyễn Ngọc Tương au gouverneur de Cochinchine.
 

[ i]   il y a 12  mots dans l'invocation complète dans les prières  "Nam Mô Cao Đài Tiên Ông Đại BồTát Ma Ha Tát", 12 est un nombre divin.
 
[ ii ]L'Œil Divin est aussi un œil gauche, symbole du Yang
 
[ iii ] Il y a en tout quatre Phối Sư : trois hommes (correspondant aux trois Branches Confucianiste, Taoïste et Bouddhiste) et une femme. Mme Lâm Thanh Hương fut la première Phối Sư femme
 
[ iv ]Credo défini puis complété et confirmé lors de plusieurs conciles œcuméniques du christianisme («Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ le Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Il est Dieu, né de Dieu, Lumière, née de la Lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père, et par Lui tout a été fait.»), dont le premier, en 325 à Nicée, en Turquie avait été organisé par l'empereur Constantin pour contrer l'évêque d'Alexandrie, Arius et ses partisans pour qui seul le Père est Dieu ; puisque Jésus-Christ a été engendré par le Père, le Fils de Dieu ne peut pas être pleinement Dieu, il devient ainsi inférieur et postérieur à Dieu, c'est-à-dire qu'il y a subordination du Fils au Père.
 
[ v ] René Guénon (1886-1951) est un auteur français renommé pour ses ouvrages sur la spiritualité, la métaphysique et l'ésotérisme et sur ce qu'il appelle "la Tradition". Il considère que Confucius avait repris dans son enseignement ce qui constituait la partie exotérique de la tradition chinoise, et Lao Tseu sa partie ésotérique.[ v ]
 
[ vi ]un Họ Đạo est une communauté d'adeptes qui fréquentent le même Temple. Le nombre peut être très important.
 
[ vii ] Placé devant le titre, le mot "nử" qui veut dire gent féminine, est utilisé pour les femmes dignitaires. Les femmes forment une hiérarchie qui leur est propre, parallèle à celle des hommes.
LeThượng Chánh Phối SưNguyễn Ngọc Tươngbénéficiait d'une grande considération de la part des pouvoirs publics et cela pouvait être bénéfique pour une reconnaissance officielle espérée.

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